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BAS LES MASQUES

L'origine des masques se perd dans la nuit des temps mais elle est, incontestablement, liée au sacré. On en trouve chez tous les peuples de la terre. Autrefois, ils servaient à montrer un autre visage et non à cacher celui que l'on avait. Les choses ont bien changé depuis ! Le masque du théâtre antique grec était chargé de signification puisque lié au culte de dionysos, le dieu libérateur. La récente actualité nous en a révélé une nouvelle forme, plus cynique et sophistiquée cette fois, celui de la dissimulation financière.

 

De dyonisos à Goldman Sachs

Dionysos était le dieu de la comédie, de la tragédie, de l'ivresse et de l'extase. Il libérait ses fidèles de toute contrainte terrestre afin de jouir d'une existence nouvelle et meilleure, jusqu'au jour où Goldman Sachs s'appropria ses pouvoirs sacrés. La déclaration de son président Lloyd Blankfein, au journal britannique The Sunday Time, est en tous points éloquente : « Je ne suis qu'un banquier faisant le travail de Dieu. » Quoi de plus naturel en somme, l'argent n'est-il pas devenu l'incontestable référence universelle ? Le premier apostolat du nouveau divin consista à faire disparaître miraculeusement la dette grecque, lui évitant ainsi de porter prématurément le masque mortuaire.

 

Le cheval de Troie

Nourriture céleste et nourriture terrestre font bon ménage dans la symbolique religieuse.Le dieu Goldman Sachs devint d'un coup de baguette magique le maître incontesté des fromages financiers et réalisa, malgré la débâcle économique, un substantiel bénéfice de 13 milliards de dollars en 2009 ! Le chiffre 3 est en effet étroitement lié au destin hellénique. Ancienne de 3 000 ans et constituée en 3 parties, la Grèce se caractérise également par ses 30 milliards d'euros de déficit et ses 300 milliards de dettes. Son PIB est par ailleurs de 30 000 euros par habitant. Fort de ce constat, l'offrande de 300 millions de dollars de l'Etat grec au dieu Goldman Sachs pour masquer sa dette n'est-elle pas légitimée ? D’autant que le chiffre 3 en numérologie représente l'équilibre de l’univers. Goldman Sachs ne sera-t-il pas, en bout de course, le cheval de Troie de la Grèce ?

 

L'épée de Damoclès

Dans la mythologie grecque, Damoclès était un courtisan du tyran de Syracuse, Denys l'Ancien. Lassé d'être flatté, il proposa à Damoclès de prendre sa place, l'espace d'une journée. Lors d'un repas, celui-ci vit une épée tranchante posée au-dessus de sa tête. Elle était tenue par un simple crin de cheval. Il comprit alors la précarité dans laquelle se trouvait son roi. L'histoire ne se reproduit-elle pas quelques siècles plus tard ? Un refus des Européens d'aider la Grèce tomberait comme un couperet et entraînerait la faillite de la patrie d'Aristote. D'autant plus que son nouveau dieu, Goldman Sachs, en qui elle croyait, ne croit plus en elle, s'engraissant éhonteusement sur son dos au fur et à mesure de la dégradation du bulletin de santé hellène.

 

Les calendes grecques

Au moment où l'Europe perd son latin, contrainte de reporter le dégraissage de ses propres déficits aux calendes grecques, les difficultés de la Grèce risquent de faire tache d'huile. L'Espagne, le Portugal sont déjà les prochaines cibles des snipers de la finance. L'adaptation à l'économie grecque d'un régime de type crétois, facteur de santé et de longévité, serait le bienvenu. Cela passe inéluctablement par un allègement des dépenses publiques et une augmentation des impôts. Pour les descendants d'Hippocrate, la guérison est à ce prix. L'opinion grecque ne semble pas pour l'instant disposée à en faire le serment. 

A moins qu'un nouveau dieu ne surgisse !

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