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L'ORNITHOLOGIE FINANCIÈRE

Les marchés financiers sont par nature volatiles et leurs acteurs aussi comme par mimétisme. Les clients sont des proies de plus en plus faciles pour les prédateurs de la finance aux griffes acérées.

Les dindons de la farce.

Les évadés fiscaux migrateurs ont particulièrement souffert des intempéries boursières au cours de leur voyage. Ils pensaient pourtant après avoir trouvé un nid douillet en Helvétie que leurs œufs feraient des petits suisses. Que nenni, ils furent frappés deux fois en plein vol par la chute des marchés et le pilonnage intensif des commissions guerrières ! Le bec cloué au moindre gazouillis par ceux qui avaient le substantiel avantage de connaitre le montant de leurs péchés capitaux. Combien de portefeuilles se retrouvent en Berne ou à Genève aussi maigres qu’un coucou ?!

 

La politique de l'autruche.

Après un tel coup dans l’aile, il était légitime de penser que les clients plumés fassent le pied de grue devant la cage capitonnée de leurs conseillers d’infortune afin de récupérer les restes de leur coquille quasi vide. Pas du tout ! La politique de l’autruche prévalut encouragée par le discours tout en rondeur de leur conseiller perroquet ressassant à souhait la sempiternelle expression de l’espoir éternel : « Pas vendu pas perdu. » Paradoxalement, un oiseau très mécontent quitte moins facilement sa cage qu’un oiseau satisfait. Dans le premier cas son miroir lui renverrait l’image d’un pigeon déplumé, et dans l’autre, celle d’un phénix triomphant.

 

Le faisan vénéré.

Le faisan vénéré est une variété qui se caractérise notamment par son col blanc. Si cette espèce est en voie de disparition dans la nature, elle ne l’est malheureusement pas dans la nature humaine ! Il se déploie en bordure des cages dorées, se nourrit essentiellement de cocktails multi-devises. Se rendant quasi inabordable, sauf pour quelques rares privilégiés avec lesquels il daigne se montrer magnanime. Il est capable de vivre longtemps sans se faire capturer. Madoff était tout le contraire d’un épouvantail à moineaux. Il savait exploiter les travers propres aux êtres humains : l’appât du gain et la vanité, caressant dans le sens de la plume les paons les plus huppés de la société, des coqs plastronnés aux vieilles chouettes endiamantées, jusqu’à ce que la roue tourne. Quand

 

Les poules auront des dents.

Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie pour ses travaux relatifs à la finance comportementale, a démontré à quel point l’irrationalité prévalait sur les décisions d’investissement. Conjectures, émotions, intuitions, approximations sont nos maitres à penser. Les individus s’engagent dans des activités qu’ils ne maîtrisent pas ou peu, persuadés de leur réussite. L’optimisme illusoire n’est-il pas l’un des moteurs du capitalisme ? Conseillers financiers douteux, système de régulation laxiste, investisseurs trop surs d’eux, les pertes en cas de séisme financier sont souvent irrécupérables. Le conseiller ne devrait-il pas prémunir l’investisseur de ses propres choix, ou pour le moins l’éclairer de ces conséquences éventuelles ? Difficile cependant de jouer les oiseaux de mauvais augure face à des clients recherchant souvent la poule aux œufs d’or !

 

“ Sans l'ironie, le monde serait comme une forêt sans oiseaux. ”
Anatole France.

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